Historique de l’aéroclub

Résumé de l'historique de l'Aéroclub du Quercy

Dès le début des années 1930, c’est la passion et la conviction que l’évolution et le développement technologique se joueraient dans les airs, qui ont poussé des hommes audacieux à imaginer l’installation d’un aéroclub en terre lotoise. Créé sous l’égide de la Chambre de Commerce, l’aéroclub dispose d’un terrain à Labéraudie, au Nord-Ouest de Cahors sur la rive gauche du Lot.

Le 4 janvier 1934 , dans les locaux de la Chambre de Commerce, sous la Présidence de M. P. ORLIAC, se tient l’assemblée constitutive de l’Aéroclub du Quercy. Le premier bureau de l’ACQ est formé de Messieurs

ARTIGALAS,
de NAZARIS,
BRIS,
de BARBE,
GRELET,
LABOUDIE,
LANTEJOULS et
VIDAILLAC.

Le 10 juin 1935, au dernier jour de 3 journées de grandes fêtes, le terrain de Labéraudie est inauguré. A cette occasion, une foule immense s’est déplacée (plus de 45.000 entrées payantes ont alors été recensées !). C’est une grande fête de l’aviation qui baptise l’Aéroclub du Quercy, avec des démonstrations, des baptêmes de l’air en présence d’as de l’aviation, que l’incident de l’avion du Ministre de l’air, à son départ du terrain, n’a su ternir.

Né en 1921, Etienne LAMOLERE, habitant de Pradines, était présent le jour de l’inauguration du camp d’aviation et raconte : « J’étais dans un cerisier, en train de manger des cerises. J’en ai vu piquer leur avion, et faire le tour de Labéraudie les roues en l’air ! Et le bimoteur du Général Denain, le Ministre de l’Air, piloté par Rossi, qui détenait le record du monde de la distance et qui a dû se poser dans la vigne de Louis Malbert car la piste était trop courte ! » (Extrait de Vivre@Pradines n°8)

En 1936, les premières installations étant quelques peu précaires, la décision est prise de construire un bâtiment d’accueil et de réunion. On envisage également l’agrandissement du terrain pour permettre l’installation à Cahors d’une escadrille militaire.

Une section de l’aviation populaire est constituée. Son but est de permettre l’accès au sport aéronautique à tous les jeunes gens afin que le choix final des pilotes destinés à l’Armée de l’Air se fasse sur un plus grand nombre. Son animateur, le Docteur BARRET de NAZARIS, a formé entre autres Messieurs Delmas, Laur, Valat, Maillet,…
Cette année est également le début du vol à voile avec le planeur poutre II acheté par l’aéroclub.

Le bilan de l’année 1937 démontre le succès croissant de l’aviation dans le Lot : 468 heures de vol effectuées, 54 avions « étrangers » à Cahors se sont posés à Labéraudie, 57 « voyages aériens » ont été effectués par les pilotes du Club, 52 élèves sont formés cette année là. Un Henriot 32 arrive cette année là, premier avion propriété de l’aéroclub (les autres appartenaient à des membres du club), sur lequel se donnent désormais les leçons de pilotage.

En 1938, la flotte de l’Aéroclub du Quercy est composée de 7 appareils : 2 Phalènes, 1 Morane, 1 Potez 36, 1 Henriot 32, 1 Micro Plan et 1 Autoplan tous deux conçus et réalisés au Club.

En 1939, des bruits de bottes résonnent de l’autre côté du Rhin. Une période de mise en sommeil du Club débute avec la guerre. Dans tout le pays, l’Aviation Populaire se transforme en Aviation Prémilitaire. Dès le déclenchement des hostilités, toute activité aéronautique civile est supprimée. Le club continue à vivre. Des sections aéromodélisme se développent dans les établissements scolaires de Cahors. Dirigée par des professeurs sous la houlette de Monsieur BABOULENE, cette activité remporte un vif succès. La compétence de ce dernier contribue même à la création d’un centre de moniteur d’aéromodélisme. « Babou », apprécié de tous, est connu de toutes parts comme un pionnier de l’aviation populaire.

L’aérodrome de Labéraudie est réquisitionné jusqu’en 1940. L’occupation militaire occasionne des dégâts sur le terrain qui sera rapidement remis en état.

En juin 1942, un concours de modèles réduits est organisé sur le terrain. L’aéromodélisme ouvre aux jeunes ayant passé avec succès le Certificat élémentaire d’enseignement technique des sports aériens, les portes du vol sans moteur. Encadrée par Monsieur DUBOSC, une équipe d’une vingtaine d’élèves voit le jour en 1942. Malheureusement, cette activité est rapidement interdite par les occupants allemands. L’activité du Club se focalise alors sur l’aéromodélisme jusqu’à la fin des hostilités.

Dès la fin de la guerre, l’activité reprend. Le vol à voile redémarre avec de nouveaux appareils fournis par la Fédération Nationale des Sports Aériens. Cette section, d’abord animée par le lieutenant DUBOSC et Monsieur LACOUR est ensuite supervisée par Monsieur LE CHEVALLIER qui devient plus tard chef de la patrouille acrobatique de Saint-Yan. De nouveaux projets voient le jour. On envisage même la construction d’un appareil bi-place L’ortolan dont les plans sont présentés par son concepteur Monsieur MOURLOT. Cet avion sera construit plus tard en quantité importante.

L’efficacité et la réussite de l’aviation militaire au cours de la guerre ont ouvert les portes à l’expansion de l’aviation commerciale. Une étude, à l’échelle nationale, est entreprise pour évaluer les possibilités du développement du trafic aérien. La ville de Cahors apparaît comme une base possible pour le transport aérien de produits régionaux.

La vie du club s’intensifie. Les réunions ont lieu régulièrement dans les locaux du Centre, rue Wilson. Le dimanche, on se retrouve en ville. Ceux qui possèdent un véhicule emmènent les autres au terrain de Labéraudie. La flotte est alors très réduite.

Avitaillement

En 1946, un avion « Stampe » est prêté à l’Aéroclub par l’état. Il demeure le seul appareil pendant 8 ans.
On enregistre un nombre croissant d’atterrissages sur le terrain. Son agrandissement est envisagé. Des meetings aériens sont organisés. Ils attirent de nombreux spectateurs et assurent des revenus au Club. A ce moment-là, un lancé de planeur coûte 45 Francs. Les élèves de moins de 21 ans paient 30 Francs pour un envol. Un planeur 310-P est attribué au Club par les Sports aériens.
Fin décembre 1949, la direction du nouveau cinéma ABC inaugure sa salle. La recette de la soirée est intégralement offerte à l’Aéroclub. Un bar est ouvert à l’aérodrome. Construit à l’instigation de Monsieur CLEMENT et d’autres membres du club, il accueille désormais la « grande famille des Ailes ».

Le 23 mai 1952, le Docteur BARRET de NAZARIS (né le 26 janvier 1900 à Agen – Marié à Cahors) trouve la mort au Sud de l’Espagne, victime de sa passion du ciel, en tentant de battre le record du monde de distance en ligne droite pour avion de moins de 500 kilos. Ce tragique accident endeuille l’Aéroclub qui perd là un fervent « aviateur » qui a donné beaucoup de son temps au développement du club.
René Fournier, après avoir appris à Cahors, auprès de Barret de Nazaris, la technique de la construction amateur en bois et toile, décidait de concevoir et de réaliser un « avion-planeur », guidé autant par son intuition que par le calcul. Le RF-1, prototype d’une grande élégance, était performant grâce à une aérodynamique très étudiée (aile à grand allongement et train rentrant), mais en même temps économique grâce à son moteur de faible puissance.
Dans l’histoire JODEL (Édouard Joly et son gendre, Jean Délémontez), le docteur BARRET de NAZARIS et sa fougue furent un véritable embassadeur du Bébé D9.

Barret de Nazaris et un pou du ciel de sa contruction
Plaque aposée sur la stele de Pradines (46)

En 1953, la construction d’un Jodel bi-place est entreprise et témoigne de la confiance des membres en l’avenir du club présidé par Monsieur DELMAS. La construction est confiée en grande partie à Monsieur BABOULENE. L’aérodrome se développe et accueille des avions « étrangers » de plus en plus nombreux. Monsieur CONTI, après avoir suivi un stage à Challes-les-Eaux, assure à partir de cette année là les fonctions de moniteur bénévole. Il consacrera pendant 10 ans tous ces loisirs à la formation de nombreux pilotes dont Messieurs Allias, Fargues, Bardin, Castagné,… En octobre 1953, Monsieur BABOULENE, en remerciement de son dévouement de tous les jours, est décoré de la Médaille de l’Aéronautique.

1954 est l’année du premier vol du Jodel 112 aux mains du Président DELMAS. Ce jour là, ce sont les efforts de toute l’équipe qui sont récompensés.

En 1958, l’aéroclub fait l’acquisition d’un Potez 43 quadri-place. Cet appareil, peu rapide mais très sûr, permettra d’organiser de nombreuses séances de baptêmes de l’air. Le Stampe est échangé contre un N.C.858.

En 1963, la flotte est enrichie par l’achat d’un Jodel 117 plus rapide que l’ancien. Il sera remplacé dès l’année suivante par un Sicile-Record triplace qui permet des voyages longue distance.

1965 est encore une année tragique pour l’Aéroclub. Maurice DELMAS, Président du Club disparaît tragiquement près de Luzech aux commandes du Jodel 112 qu’il avait contribué à construire. Monsieur Robert JARDIN assure alors la présidence du Club. Le Jodel accidenté est aussitôt remplacé par un neuf.

En 1968, un avion-planeur Fournié, mono-place, destiné à l’entraînement et au perfectionnement des pilotes est acheté. Puis la flotte s’enrichie encore d’un avion Morane Rallye Commodore 180cv, 4 places, avion d’affaire et de grands voyages.

En 1971, la vie du Club prend un grand tournant avec son transfert, à contre coeur, de l’aérodrome de Labéraudie à Cahors-Lalbenque.

Tout le monde croit alors au développement des lignes régionales. Dès le début, un Commandant d’Aérodrome, Monsieur KERHOAS, grand amis de l’aviation, prend ses fonctions. Le nouveau terrain disposant d’une piste de 1.500 mètres, trois fois plus longue que celle de Labéraudie, permet l’atterrissage d’appareils plus importants. Au départ, l’éclairage de la piste est assuré manuellement avec des piles. La première « Tour de Contrôle » est aménagée dans un fourgon Citroën. On croyais beaucoup au développement de l’aviation d’affaires. Pendant 3 ans, la TAT dessert Cahors situé sur la ligne Carcassonne-Paris. Georges POMPIDOU, Président de la république, utilise régulièrement l’aérodrome à l’occasion de ses séjours à Cajarc.

Cahors-Lalbenque en 1996

Le chemin parcouru depuis 1934 est long, mais l’histoire de l’Aéroclub du Quercy se joue tous les jours. La passion de ses pionniers se perpétue sans cesse. Le souvenir des hommes de la première heure reste vivant et leurs cadets sont là pour assurer la relève.

En 1985, le chef pilote instructeur de l’aéroclub du Quercy, André SALESSE, est appelé par l’équipe de Thierry SABINE pour faire partie des équipages chargés de la surveillance aérienne du Rallye Paris-Alger-Dakar. La huitième édition de cette épreuve permet donc à « Dédé », comme le surnomment ses nombreux amis, d’exercer ses compétences professionnelles au-dessus d’un parcours qui a réservé bien des pièges et des difficultés aux concurrents.

Déjà, dans le quotidien La Dépêche du 22 février 1986, l’aéroclub attirait l’attention des élus locaux sur la nécessité de ne pas négliger l’aérodrome, outil de demain, en souhaitant l’installation sur cette zone d’unités de sous-traitance aéronautiques qui sont une nouvelle source d’emploi. Précisant que c’est actuellement Toulouse qui rafle tout au détriment de la province régionale.

En 1989, il était fait le constat que : pour un développement de l’aérodrome de Cahors-Lalbenque, des erreurs de départ entravent son essor. En effet, il s’avère que pas un appareil de 80 et 150 places ne peut atterrir et décoller à pleine charge car la piste de 1.500 mètres est trop courte. Dès le départ il aurait fallu faire comme à Rodez construire une piste d’au moins 1.900 m, bien qu’il soit vrai que l’investissement a été de 2 millards d’anciens francs en 1974 contre 500 millions en 1970 à Cahors et que la vision de l’avenir a été beaucoup mieux perçue à Rodez qu’à Cahors (confé. du CJD à Cahors du 21.02.89). En conséquence, 19 ans plus tard, le terrain ne peut toujours pas accueillir de charter, donc pas de touristes (d’après L’Eveil n°23).

En 2011, l’aérodrome en est au même point même si des projets, notamment d’accueil de frêt, existent, aidés par le développement de la zone d’activité qui le jouxte. Mais les relations entre politique et administration ne sont pas toujours aisées; dont l’exemple de cette entreprise commerciale de produits et matériel aéronautique qui a dû renoncer à son installation, faute semble-t-il de réactivité.

1993 est une année prometteuse pour l’école de pilotage de Cahors-Lalbenque. En effet, Coralie Faurie attendait avec impatience son 17ième anniversaire pour pouvoir passer son brevet de pilote privé avion. Ce 13 avril 1993, Coralie est ainsi devenue « plus jeune pilote de France ».

Le terrain d’aviation de Labéraudie est aujourd’hui devenu la Zone Commerciale des Escales de Pradines.

Entre deux grands arbres pointant vers le ciel, en face de la pharmacie, au milieu des maisons, une stèle sur laquelle on ne voit plus grand chose.  » Barret de Nazaris , 23 Mai 1952  » (date de son accident mortel). En 2013, le carrefour a été réaménagé, les deux grands arbres abattus et la stèle, nettoyée, a été déplacée sur un côté du rond point où elle a été mise en valeur ; merci à la municipalité de Pradines et son Maire Didier MERCEREAU.

Il reste à Cahors quelques repères de l’ancienne implantation du terrain de Labéraudie :

– A Labéraudie, dans le lotissement situé derrière la pharmacie, est l’impasse de Nazaris. On pourra regretter que cette voie soit un impasse car la vie du Docteur BARRET de NAZARIS, ainsi que nous l’avons vu avant, fut loin d’être un impasse mais le début d’une longue histoire.

– Dans un autre lotissement situé au Nord de l’ancien terrain (aujourd’hui un champ) nous trouvons la rue Antoine de Saint-Exupéry. Antoine Marie Jean-Baptiste Roger de SAINT-EXUPERY, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944, Mort pour la France.

Né dans une famille issue de la noblesse française, Antoine de Saint-Exupéry obtient son baccalauréat en 1917 et, après son échec à l’École navale, il s’oriente vers les beaux-arts et l’architecture. Devenu pilote lors de son service militaire, en 1921, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (future Aéropostale) et transporte le courrier de Toulouse au Sénégal avant de rejoindre l’Amérique du sud en 1929. En s’inspirant de ses expériences d’aviateur, il publie ses premiers romans : Courrier Sud en 1929 et surtout Vol de Nuit en 1931, qui rencontre un grand succès.

À partir de 1932, Antoine de Saint-Exupéry se consacre à l’écriture et au journalisme. Il entreprend de grands reportages au Vietnam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes qu’il développe dans Terre des hommes, publié en 1939.

En 1939, il est mobilisé dans l’armée de l’air et est affecté dans une escadrille de reconnaissance aérienne. À l’armistice, il quitte la France pour New York avec pour objectif de faire entrer les Américains dans la guerre et devient l’une des voix de la Résistance. Rêvant d’action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement en Provence. Il disparaît lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion n’a été retrouvé qu’en 2004.

Il écrit Le Petit Prince à New York pendant la guerre, lequel est publié avec ses propres aquarelles en 1943 à New York et en 1945 en France. Ce conte plein de charme et d’humanité devient très vite un immense succès mondial.

– On trouvera également dans le même quartier la rue Clément ADER né à Muret le 2 avril 1841 et décédé le 3 mars 1925 à Toulouse. Il est considéré comme le père de l’aviation. Avant son « éole », il aurait été le premier à faire décoller un engin motorisé plus lourd que l’air en 1890 (soit avant les frères WRIGHT) mais cet exploit reste controversé.

– Toujours dans le même quartier, se trouve la rue Georges GUYNEMER né le 24 décembre 1894 à Paris 16e et mort le 11 septembre 1917 à Poelkapelle (Belgique). Bien qu’il ne soit pas un « As des as », il est l’un des pilotes de guerre français les plus renommés de la Première Guerre mondiale.

– L’avenue qui permet, depuis Labéraudie, de pénéter dans la ville de Cahors porte le nom d’une célèbre aviatrice : Maryse BASTIE. Marie-Louise ‘Maryse’ Bastié (1898-1952) est née à Limoges le 27 Février 1898, orpheline de père à 11 ans, celle qui s’appelait encore Marie-Louise Bombec fut d’abord une modeste piqueuse sur cuir dans une usine de chaussures. Elle découvrit l’aviation en épousant son filleul de guerre, le pilote Louis Bastié. Ayant acquis une renommée mondiale en dix records au cours desquels, seule à bord, elle a fait preuve d’une rare maîtrise, elle a notamment inscrit à son palmarès :

. en 1930, le record de durée féminin international en 37 heures 55 minutes ;

. en1931, le record féminin international de distance, avec 2.976 kilomètres ;

. en 1936, la traversée féminine de l’Atlantique Sud en 12 heures 5 minutes.

Capitaine de l’armée de l’Air, 3.000 heures de vol, Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire, Maryse Bastié lègue à la postérité l’admirable leçon d’une victoire constante de la volonté sur la fragilité. Son nom restera parmi les plus grands de l’histoire des Ailes Françaises.

– Au-dessus du chemin de la Gravette passe une ligne électrique qui porte encore aujourd’hui les boules de signalisation pour la circulation aérienne.

Chemin de La Gravette
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